jeudi 19 janvier 2017

Scolarisation des enfants: La Côte d’Ivoire veut faire bouger les lignes

38 millions d’enfants en âge d’aller à l’école sont non scolarisés de par le monde. En Afrique, ils sont plus de 18 millions d’enfant qui sont en marge du processus de scolarisation. 
Cependant aller à l’école ne suffit pas.  Ce qui compte et qui est une réalité, c’est de réussir à terminer sa scolarité.  Malheureusement, en Afrique de l’Ouest, plus de 56 millions de jeunes dont l’âge est compris entre 15 et 24 ans n’ont pu achever leur cycle primaire.   Un jeune sur 3 est confronté à ce problème.  Seuls 2 enfants sur 3 achèvent le second cycle du secondaire. 

Cette situation pose un réel problème de développement humain. Les  jeunes se trouvent pour ainsi dire privé de leur avenir, du bien-être, de sécurité et d’emplois qualifiés.  Cependant, au-delà de cette question liée  au développement humain, en Afrique et plus précisément en Afrique Occidental, ces enfants  mis en marge de la scolarisation, se trouvent être contraint de travailler pour aider leur famille. 

Des efforts pour faire bouger les lignes 

On aurait pourtant tort de s’arrêter à ce tableau, sombre. S’il reste important, l’écart entre les ratios professeur-élèves des pays développés et de l’Afrique subsaharienne a sensiblement diminué. Une réduction qui témoigne des efforts considérables entrepris sur le continent en faveur de l’éducation des enfants.

Ainsi, selon le Rapport mondial de suivi sur l’éducation de l’Unesco, « les États (d’Afrique) ont posé des actions importantes en matière d’accès à l’éducation, (même) si la question de l’inclusion et de la qualité de l’éducation reste un des défis majeurs ». Le rapport préconise, par exemple, de renforcer la formation des enseignants et de réduire le ratio élèves-enseignant.

La Côte d’Ivoire, de son côté, a consenti des efforts budgétaires considérables en faveur de l’éducation. Efforts qui s’inscrivent pleinement dans le cadre de l’agenda mondial pour l’éducation (Éducation 2030), tel que défini par l’Unesco. Dès 2015, selon la volonté du président Alassane Ouattara, l’école y devenait obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 16 ans, et un vaste plan portant sur le déblocage de 700 milliards de Francs CFA (1,07 milliard d’euros), la formation et le recrutement de plus de 5 000 enseignants et la construction de 4 500 classes était lancé. Mais les États ne sont pas seuls dans cette bataille pour l’éducation. Ils peuvent compter sur l’engagement, indispensable, de la société civile.


La société civile africaine se mobilise


La contribution de la société civile pour l’éducation est reconnue depuis longtemps par les institutions internationales. Dès 2001, la Banque Mondiale et l’Unesco reconnaissaient cet apport, « devenu encore plus prépondérant au lendemain du Forum mondial de Dakar (avril 2000), qui a consacré le rôle incontournable de la société civile dans le processus d’apprentissage et de formation des enfants, des adolescents et des adultes ».

De nombreuses initiatives permettent à la société civile africaine de relever le défi de l’éducation, à l’instar du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE). Le GPE a ainsi créé le Fonds de la société civile pour l’éducation (FSCE), doté de 29 millions de dollars pour la période 2016-2018. Il permet aux coalitions de la société civile de bénéficier de financements, de renforcer leurs capacités et de fonctionner en réseaux.

En Côte d’Ivoire, alors que le pays « a connu une amélioration en matière d’accès et d’achèvement des niveaux, ainsi que des taux de réussite aux examens », le pro
gramme soutenu par le GPE a permis de financer plus de 15 000 enseignants supplémentaires qualifiés en primaire, 581 salles de classe construites ou réhabilitées pour plus de 23 000 élèves ou encore la distribution de plus d’un million de manuels scolaires.

Mais la société civile, ce ne sont pas que des programmes et des budgets. Ce sont avant tout des femmes et des hommes qui s’engagent, localement ou à l’échelle d’une région, avec toutes leurs convictions. Ce sont également les nombreuses ONG et associations qui œuvrent quotidiennement, sur le terrain, pour aider les enfants à retrouver le chemin de l’école.

L’association Children of Africa, que j’ai l’honneur de présider, prend toute sa part dans ce combat pour offrir un meilleur avenir aux enfants du continent. Présente dans onze pays d’Afrique de l’Ouest, Children of Africa a lancé des campagnes pour inciter les familles à scolariser leurs enfants.

Il importe de préciser que le fait de scolariser nos enfants n’est qu’une première étape. Pour que ceux-ci bénéficient des meilleures conditions d’études et que les difficultés éventuelles de leurs familles ne compromettent pas leurs chances de réussite, ils doivent également bénéficier d’un soutien matériel. C’est pourquoi la Fondation Children of Africa distribue, chaque année, des kits scolaires comprenant vêtements et fournitures scolaires aux enfants ivoiriens – en novembre dernier, ce sont 12 000 kits qui ont été distribués aux élèves à travers le pays.

L’Afrique accuse encore un retard important sur les standards des pays développés en matière d’éducation, c’est vrai ; mais cette situation n’est pas irréversible, et la société civile africaine se retrousse les manches pour combler ce retard. Les fils du continent sont bien décidés à offrir à leurs enfants les meilleures chances de devenir des adultes capables de contribuer au développement de leurs pays.

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