Les inégalités liées au genre coûtent chaque année près de 100
milliards de dollars au continent africain, selon les estimations du Programme
des Nations unies pour le développement (PNUD).
Les
femmes ont un rôle essentiel à jouer dans le développement d’une véritable
économie verte en Afrique. C’est une conviction solidement ancrée, partagée avec
mes sœurs épouses de chefs d’Etats africains, que j’ai eu l’honneur de réunir
en marge du 5e sommet Union Africaine –
Union
européenne, qui se tenait le 29 novembre dernier à Abidjan.
Au
menu de nos travaux, « la place de la femme dans l’économie
verte ». Alors qu’aucun pays n’est épargné par les
bouleversements climatiques observés partout sur la planète, les premières victimes
de ces changements sont aussi les plus vulnérables : les femmes. Par ailleurs,
il faut rappeler que les inégalités liées au genre coûtent chaque année près de
100 milliards de dollars au continent africain, selon les estimations du
Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
« Lorsqu’on n’exploite pas le plein potentiel des femmes, cela
a un coût, que ce soit au niveau de la famille, de la communauté ou de la
nation », rappelle Helen Clark, directrice du PNUD. Si 61
% des femmes africaines travaillent, elles sont encore souvent sous-payées.
Alors qu’elles représentent 70 % de la force agricole du continent et
produisent 90 % de ses denrées alimentaires, les femmes africaines, dans certains pays, ne peuvent toujours pas
hériter ou posséder de terres, et donc emprunter de l’argent. «
Même si elles travaillent dur, les femmes produisent moins », conclut
Helen Clark. Mais il n’y a pas
de fatalité. Non seulement l’égalité homme-femme représente un puissant levier économique pour l’Afrique, mais en plus, l’une
des solutions au réchauffement climatique reste l’implication des femmes dans l’économie verte.
Il s’agit d’un nouveau modèle économique qui
vise à réduire les émissions de gaz à effet de
serre et à préserver les ressources naturelles de notre planète.
Fonds Vert pour les femmes.
Trois
facteurs majeurs sont indispensables pour que les femmes africaines prennent
toute leur place dans cette économie verte : le renforcement de leurs capacités
et compétences ; le transfert de technologies ; le financement des projets – ce
dernier point étant l’épine dorsale de toute activité de développement durable,
car il donnera aux femmes les moyens de mettre en œuvre leurs projets.
C’est
pour cette raison que j’appuie la mise en place rapide du Fonds Vert R20 pour
les femmes, dont j’ai été heureuse d’accepter la Présidence pour l’Afrique.
Initié par l’ancien Gouverneur de
Californie,
Arnold Schwarzenegger, ce fonds doit être effectif le plus vite possible afin d’accompagner
les projets de nos sœurs sur le continent. Comme l’a déclaré sa Présidente,
Madame
Michèle Sabban, l’objectif de ce fonds est de «
déclencher des vocations grâce à cette économie, donner des espérances et créer
des opportunités ». Le rôle économique des femmes est indéniable ;
elles doivent être au cœur des politiques et
stratégies pour un développement durable et
efficace. Le Fonds Vert R20 renforcera les capacités de nos sœurs à mieux appréhender les enjeux
économiques et sociaux de leurs activités, financera des projets d’émancipation et d’autonomisation
des femmes et permettra à celles-ci d’avoir accès à des outils innovants, afin d’améliorer leur
productivité – tout ceci, en prenant soin de
l’environnement. C’est ce à quoi s’attache, au Maroc, Fathia
Bennis. A la tête de Maroclear, le dépositaire des titres de la Bourse de Casablanca, cette femme
courageuse a rejoint le Fonds Vert R20 et propose des micro-crédits aux Marocaines. Cinq projets
innovants ont été sélectionnés, parmi lesquels le développement de graines de semences sans
pesticides ; ou encore au Mali, le recyclage des déchets.
«
Il faut que ces projets créent de l’emploi et de la formation, explique Fathia
Bennis. Il s’agit aussi de leur offrir de la visibilité pour qu’elles inspirent
d’autres femmes ».
De « l’or rose » à «
l’or vert ».
En
Côte d’Ivoire, jamais les femmes n’ont eu autant envie d’entreprendre et d’être
au cœur de cette nouvelle économie verte. Cette énergie, c’est ce que notre
ministre de la Salubrité urbaine et de l’Assainissement, Anne Désirée Ouloto,
appelle « l’or rose » de
l’Afrique. Comme elle l’a récemment rappelé, les bénéfices de la transition
énergétique pour les femmes sont multiples : réduction de la pénibilité des
tâches domestiques, autonomisation et émancipation, etc. Responsable de
seulement 4 % des émissions de gaz à effet de serre, l’Afrique est pourtant le continent
«
qui paiera le plus lourd tribut »
du réchauffement climatique, ne cesse de répéter
l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan. Le continent a donc le devoir
d’innover pour pouvoir s’adapter. A problèmes inédits, solutions inédites : il
nous faut trouver un autre modèle de développement que celui fondé sur l’exploitation
illimitée de nos ressources naturelles. Au-delà de la menace, le réchauffement
climatique peut représenter une opportunité à saisir. La croissance verte est
plus que jamais une solution d’avenir pour les femmes du continent. Alors,
comme nous y invite le hashtag de la campagne lancée sur Twitter par le Fonds
Vert R20 :
#GoGreenWomen
!
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